Alice Piaggio

Depuis la création du Bitcoin par Satoshi Nakamoto en 2008 et l’explosion des crypto-monnaies ces dernières années, les comportements émergents liés à la blockchain fleurissent dans tous les secteurs. Par ailleurs, les études montrent que les dépenses liées à des solutions basées sur la blockchain continueront à augmenter dans les années à venir, pour atteindre près de 19 milliards de dollars d’ici 2024 (Statista, 2022).

Grâce à leurs caractéristiques de cryptographie et d’immuabilité, la blockchain promet d’améliorer l’efficacité, la transparence et la redevabilité des opérations humanitaires. Cependant, la blockchain est soumise à un cadre juridique flou et toutes ses implications doivent être prises en considération lorsque nous parlons de sa mise en œuvre dans un domaine aussi volatile, complexe et multisectoriel que le secteur humanitaire. 

Considérant que les technologies blockchain font déjà l’objet de nombreux usages, Red Social Innovation lance une publication sur la façon dont celle-ci peut éventuellement améliorer les actions humanitaires. Coproduit avec la Croix-Rouge britannique, ce rapport rassemble des points de vue d’experts et des études de cas autour de la blockchain liés à l’engagement communautaire, au transfert d’argent et à la traçabilité. Ce rapport est également une invitation à partager les connaissances et à anticiper les risques, les défis et les grandes opportunités de la blockchain et, plus largement, de la technologie décentralisée.

Crypto-dons et transparence

Les crypto-dons sont récemment devenus un sujet d’intérêt pour toutes les organisations internationales. En se basant sur l’expérience de la Croix-Rouge britannique, Celia Scruby, qui fait partie de l’équipe Fundraising Innovation, partage son expérience en termes de dons de crypto-monnaies, et reconnaît les défis auxquels sont confrontées les différentes organisations en ce qui concerne leurs cadres juridiques et leur diligence raisonnable. Elle souligne l’importance de prendre en considération les risques liés à la volatilité du marché et les politiques et procédures concernant les remboursements et les dons anonymes. 

La technologie blockchain peut être très utile dans le secteur de l’aide pour établir une traçabilité claire des transferts d’argent transfrontaliers ou des informations sensibles. C’est pourquoi nous avons consulté le point de vue de Hoummand Haddad en tant que responsable des technologies émergentes au Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM), en ce qui concerne le projet « Building Blocks ». Ce projet vise à surmonter les barrières politiques existantes en proposant un système commun et neutre conçu pour le secteur humanitaire. 

Sécurité et données

En tant que base de données hautement sécurisée et distribuée qui contient l’historique de tous les échanges effectués depuis sa création, la blockchain permet à ses différents utilisateurs de vérifier la validité de la chaîne, sans intermédiaire. Cela conduit à des transactions efficaces, diminuant le besoin d’un réseau centralisé ou d’un système privé, en privilégiant une sécurité et une transparence accrues (Hunt, 2022). Afin de mieux comprendre les défis que pose la blockchain en matière de sécurité et de gestion des données, Vincent Graf Narbel, responsable du TechHub au Bureau de la protection des données du CICR, a partagé ses réflexions sur la gestion des données, la traçabilité des fonds et l’obligation de rendre des comptes. Il a soulevé des questions importantes concernant la maturité de la technologie, en particulier à un moment où les cadres juridiques ne sont pas clairs et changent constamment d’un pays à l’autre.

Environnement et développement durable

Selon le Cambridge Bitcoin Electricity Consumption Index (CBECI), la demande d’énergie du réseau bitcoin – qui est l’une des utilisations de la technologie blockchain – est estimée à 16,60 GW par an. Pour mieux comprendre la quantité d’énergie, cela équivaudrait à la quantité maximale d’énergie qui pourrait être produite par environ 20 grandes centrales nucléaires (WNO, 2023). Cela est dû au processus de minage mis en œuvre par le processus de preuve de travail de certaines crypto-monnaies. Même si certaines crypto-monnaies ont réussi à réduire leur consommation d’énergie en adoptant une procédure de minage différente, l’impact environnemental lié à la technologie blockchain est très élevé, tant en termes de consommation d’électricité que de déchets électroniques.

45 minutes

Le 14 juin à 10h, Red Social Innovation et la Croix-Rouge britannique organisent un webinaire de 45 minutes sur le sujet suivant : Comment la blockchain peut-elle éventuellement améliorer les actions humanitaires ? Au cours de cette discussion, Vincent Graf Narbel, Directeur du TechHub au Bureau de la protection des données du CICR, présentera Partisia, une technologie blockchain qui se concentre sur une protection et une conception préservant la vie privée.  Interviendra ensuite Celia Scruby, qui travaille dans l’équipe d’innovation en matière de collecte de fonds à la Croix-Rouge britannique, et qui dirige l’initiative visant à explorer l’acceptation des dons en crypto-monnaies. 

Juste après, Hoummand Haddad, responsable des technologies émergentes au Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies, présentera le projet « Building Blocks ». 

Enfin, nous terminerons par le témoignage de Balt Leenman sur le protocole WhiteFlag, une plateforme de messagerie qui avertit les communautés vulnérables de l’imminence d’un conflit avant qu’il ne se produise, afin d’éviter les pertes de vies humaines.